« Tandis qu’elles déjeunaient en terrasse sur la place Elèf IV, un groupe de cinq enfants s’arrêta devant leur table et commença à leur chanter une chanson, espérant quelques piécettes en retour. Ils étaient déguisés.
L’un portait un sabre et un bouclier de bois. À ses côtés, une fillette, tout de noir vêtue et visage charbonné, jouait du triangle. Une autre, maquillée comme une gourgandine, avait glissé sous son sarrau une paire de faux seins dont l’un semblait en perte d’altitude. Elle frappait mécaniquement sur son tambourin.
C’était la Fête des Sens. Lario n’y avait pas songé. Ce jour-là, les enfants se déguisaient selon les attributions des cinq Swelladj, et parcouraient les rues en chantant pour les passants. Au soir, ils recevraient des cadeaux de leurs parents. Lario se souvenait des mots de son amie. Une fois, Sarrante lui avait dit au passage que ce jour de l’année avait le don de l’épuiser. C’était tellement artificiel. Elle évitait de sortir en ville, même.
Lario écrasa sa cigarette et sortit son porte-monnaie pour
faire déguerpir les gamins. Sarrante l’arrêta
d’un geste : Laisse-les finir leur
chanson... »
Trois morceaux sont en écoute sur ce site : 
Hommage à V. P. — Tuba, guitare, violoncelle, voix, électronique
Ils vivaient ici. — Électronique
Chassez le naturel. — Grelots, voix, électronique